Le prix artistique de la Ville, dont le niveau n’a, pour le jury, jamais été aussi élevé, couronne le dessin et trois jeunes artistes issus de l’académie de Tournai
Le spectateur s’assoit sur un tabouret et introduit sa tête dans la boîte où a lieu la projection. Enveloppé par l’image, le son et une caisse de bois, il entre alors dans un univers nocturne fait de paysages mouvants …» Il y a du rêve, de la poésie, de la folie douce et de la technique dans L’islandoscope, œuvre de Raphaël Decoster, 25 ans, lauréat du prix artistique international de la Ville de Tournai.
L’artiste a eu l’idée de ce dispositif permettant de voir défiler – un film d’animation entièrement réalisé à la main – sa représentation de la «migration» des montagnes islandaises au retour d’un voyage au pays du Eyjafjallajökull et de Sigur Ros. Très cohérent dans sa démarche, il présente aussi une installation vidéo, La face cachée de la lune, et une série de dessins au graphite sur papier, Il restera toujours des montagnes. Le public tournaisien a déjà pu découvrir lors de précédentes expositions les créations de cet habitant de Villeneuve d’Ascq (F), qui a étudié le dessin et la gravure à l’académie des beaux-arts de Tournai, puis la lithographie à Helsinki et Anvers.
Le prix jeune artiste de Wallonie picarde aurait pu être décerné aux trois lauréats, puisqu’ils sont tous âgés de moins de trente ans. Il est octroyé au Tournaisien Loïc Desroeux pour son triptyque intitulé La mort annoncée de l’artiste. Trois documents administratifs (un arrêté du Moniteur belge, une lettre de l’Onem et un «acte de décès» de l’auteur) entièrement retranscrits à la main, au crayon et au bic pour les signatures et cachet, symbolisent la difficulté actuelle des artistes, après la réforme de leur statut social, de vivre de leurs œuvres. « Ce n’est pas le genre de travail que je fais habituellement et je ne pensais pas le présenter au départ, dit cet ancien étudiant de l’ACA, mais avec tout ce qui se passe pour l’instant, je trouvais important de mettre le doigt dessus. À lire, c’est vraiment chiant…»: les visiteurs pourront heureusement se contenter de survoler ces textes au jargon sibyllin. Domicilié à Flines-les-Mortagne (F), Laurent Quillet, prix coup de cœur (attribué à l’unanimité du jury) a réalisé tout un travail de réflexion sur le temps. Et notamment un dessin de toise baptisé Ages distants. Il confie avoir été beaucoup inspiré par sa famille. Trente-huit plasticiens originaires de Bruxelles, de Wallonie et du nord de la France avaient déposé leur candidature pour ce concours dont la qualité générale augmente d’année en année. Douze d’entre eux ont été retenus pour composer l’exposition – «La plus belle jamais présentée dans le cadre du concours » estime Jacky Legge – qui, jusqu’au 9 août, met en lumière, à l’étage de la Maison de la culture, les arts plastiques innovants et la jeune création. Les neuf autres artistes dont on découvre les installations, photographies, bande sonore… et autres impressions, sont Geoffroy Bogaert (La Madeleine), Valérie Callewaert (Tervuren), Anne-Sophie Moyart (La Bouverie), Florence Dendooven (Spiennes), Charlotte Dunker (Bruxelles), Patricia Hautphenne-Raysz (Waterloo), Sophie Langohr (Mortier), Mailys Lecœuvre (Tournai) et Florent Soris (Rumillies).
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