mardi 6 octobre 2009

Le sumi-e ou la voie de l'encre

« La peinture exprime la grande règle des métamorphoses du monde, la beauté essentielle des monts et des fleuves leur forme et leur élan, l'activité perpétuelle du Créateur, l'influx du souffle yin et yang ; par le truchement du pinceau et de l'encre, elle saisit toutes les créatures de l'Univers et chante en moi son allégresse »

Shitao



Le Sumi-e 墨絵, (sumi = baton d'encre noire et E = dessin) est aussi appelé plus populairement le "Suiboku-ga" 水墨画. C'est un dessin monochrome japonais à l'encre noire et à l'eau assimilé a la calligraphie.Le Sumi-e est née en Chine il y a environ 1300 ans et a été repris par les artistes japonais au 14e siècle grâce aux moines boudhiste Zen.


Uniquement constitué d'encre noire plus ou moins diluée, le Sumi-e est la simplification la plus élevée de la couleur en comparaison avec la peinture occidentale qui utilise toute la palette de couleur pour former lumières et ombres. Le fond blanc de la page fait corps avec le dessin et en fait partie intégrante, il y a contraste et harmonie entre les vides du blanc et les marques nerveuses et vivantes de l'encre. Le blanc est un espace de liberté, un silence à préserver, une ouverture sur l'infini.




Le Sumi-e représente une forme d'art à part entière, mais c'est aussi une philosophie. C' est l'expression de la perception de l'artiste et il transmet l'essence de ce qu'il représente, plante, animal, etc. C'est la suggestion qui supplante le réalisme. Les sujets ne sont jamais peints dans l'intérêt de l'art, ils sont des expressions vivantes des forces invisibles au travail dans l'univers. Le Sumi-e est une symbolique et tente de restituer "l'esprit" des choses et on devine la profonde capacité d'observation, puis d'abstraction qui sont nécessaires au peintre-calligraphe qui a décidé de franchir le fossé entre une réalité concrète et sa propre vision, essentiellement spirituelle, elle-même reflet de son être intérieur..


La pratique du Sumi-e passe aussi par la méditation et la maîtrise des émotions pour atteindre un état de concentration où seul le trait existe.

Dans cet art où "l'esprit précède le pinceau", le peintre doit être totalement présent à son travail de sorte que sa main ne soit plus que le prolongement de sa pensée.

C' est un exercice spirituel lié à la contemplation, une méditation et une réflexion avant le dessin:


Dans la préparation des matériaux:

- Le râpage du pain d'encre (sumi) sur la pierre à encre (suzuri) dure un certain temps, et ce temps est consacré à la méditation. Il est construit sur le signe "huit" allant dans les deux sens du réservoir de l'encre (océan) à la surface de meulage (terre).dans l'acte de peindre,la dualité du yin-yang est très présente.

- Le choix des pinceaux (fude) en poils de chèvre, de loup, et de poils de cerfs etc...déterminera les lignes et les nuances selon la capacité d'absorption et la flexibilité du pinceau. La tête de la brosse doit tenir compte des courses appuyées et légères et aussi bien de la tonalité. Un bon pinceau de Sumi-e doit permettre de créer différentes valeurs de tons et dégradés, et il doit changer la forme de la ligne en même temps.

- Le choix du papier par sa finesse de grain, sa capacité d'absorption.Il y a plusieurs choix mais les meilleurs papiers sont faits à partir des fibres de gampi ou de kozo (fibres de mûriers).


Dans l'exécution technique:

La technique fondamentale du Sumi-e s'apprend en pratiquant la calligraphie. Cette technique exige un mélange de contrôle de soi et de spontaneïté. C'est l'harmonie intérieure qui guide la main et mène le pinceau selon l' expression des sentiments intérieurs de l'artiste. Ceci permet à l'artiste de se concentrer sur le cheminement du pinceau sans devoir s'inquiéter des couleurs et de la composition. On parle de "souffle de vie dans ce jeté de trait et il est impossible de revenir en arrière et de corriger le trait une fois sur le papier, l'artiste doit avoir un shéma complet dans sa conscience avant de commencer. Tout comme dans la calligraphie la rapidité et la précision sont de rigueur.


L'attitude corporelle est la même qu'en calligraphie, le pinceau est vertical et perpendiculaire au papier. il doit être tenu légèrement entre deux ou trois doigts et le pouce. Le pinceau doit-être tenu au milieu du manche, loin de la tête, de sorte que le bras soit presque parallèle à la surface de travail. La main et le poignet se déplacent jamais ou à peine c'est le bras qui doit effectuer la plus grande partie du travail.


Je vous laisse aussi un lien sur le très beau site de Kazu Shimura qui est un maitre en ce domaine. Sur son site il y a tout sur le sumi-e et vous pourrez trouver des videos qui apprennent comment pratiquer le Sumi-e.







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