ELS JACOBS
Elle présente son travail en répondant à quelques questions
Qu'est-ce que c'est le dessin pour vous et en même temps de le situer dans l'espace-temps d’aujourd'hui...
Le dessin est un moyen d'expression qui est propre à chacun, il fait partie de nous et on l'explore de plusieurs manières différentes. C'est aussi une envie, une volonté ou un cheminement qui fait partie de notre quotidien. Au fur et à mesure de la pratique, il est nécessaire d’apprendre à le maîtriser et à l’exploiter. C’est un langage personnel qui transmet et exprime un message. Il peut aussi agir comme un remède et c’est pour toutes ses raisons qu’il continue d’exister encore aujourd’hui. Il nous parle et nous interpelle.
En m'intéressant et en explorant l'intérieur de l'arbre, j'ai imaginé la vie fragile qui circule en lui mais aussi en nous et qui contribue à notre bon fonctionnement. Elle participe ainsi à notre survie et à un équilibre fragile, ce qui est en lien avec la pandémie que nous connaissons actuellement et qui s'attaque justement à l'organisme se rapportant à la vision que je perçois de l'intérieur de mon arbre.
Parle-nous de ton processus de travail
…J’ai commencé par observer le tronc depuis les racines jusqu'en haut où se situe les branches, j'ai ainsi attribué à chaque partie, des organes vitaux et accentuer cet effet à l'aide de papiers translucides qui laissent apparaître la partie recouverte à l'arrière, ça donne la sensation d'ouvrir un morceau du tronc et d'y apercevoir l’intérieur.
Comment pourrais-tu décrire ton évolution de regard et de travail à partir de ce travail : ARBRE
…L’arbre m’a fait comprendre l'environnement, la nature, la vie et le Seigneur. J’ai pris conscience par son observation que nous aussi nous sommes connectés à tout ce qui nous entoure. Nous sommes des êtres vivants tel que l'arbre dans la forêt. Nous vivons grâce aux organes et au sang qui circule dans nos veines telles que les nervures et les racines de l'arbre.
Qu'est-ce que cela t'a permis d'apprendre sur le dessin comme pratique artistique et sur le dessin comme expérience ?
Le dessin est un moyen d’expression que nous possédons tous qui peut se développer et par lequel nous transmettons notre perception, notre ressenti ou notre vision du monde.
- Il nous rattache en même temps à nous et au monde il est comme un lien, un fil entre l’extérieur et l’intérieur, on peut l’interpréter de n’importe quelle manière de forme, de lieu mais aussi par notre façon de voir.
- Il permet d’avoir une autre vision et perception des choses et du monde. Il contribue à notre évolution aussi bien pour nous que pour les autres.
Suite à mon projet de l’année dernière, j’ai ressenti le besoin d’aller dans la continuité de ce que j’avais commencé. De continuer à utiliser le médium de la vidéo ,du dessin, moi. Mettre mon corps en jeu me semblait naturellement inscrite dans la continuité de mon travail.
Il est important pour moi d’installer un cadre confortable. Je suis seule et je sais que je ne serais pas dérangée. J’installe mon matériel . J’essaie de faire en sorte que la lumière soit adaptée pour réaliser mes vidéos. Il faut que ma peau soit blanche. Je relis mon carnet. me replonge dans mes idées. Parfois je mets un fond de musique. J’aime me filmer immobile pour rentrer dans le travail. Je suis devant la caméra et je ne fais rien. je rentre dans l’objectif. J’aime commencer par le travail avec la matière, sentir ma peau avec mes mains, la modeler. il me faut avoir mon projet bien en tête pour me permettre de ne plus y penser pendant l’acte, que ce soit instinctif. Ce n’est plus mon mental qui me dirige mais mon intuition, mon corps. Je ne regarde pas le résultat le jour même, j’attends de prendre un peu de distance.
mon étoile polaire : le corps comme matière vivante (- Le dessin comme matière vivante )
Le dessin nous parle de la matière et la matière nous renvoie au dessin.
Les deux se confondent et posent questions. Le papier, la peau, la trace et leurs ressentis, leur mémoire, leur vécu.
Ou commence et où s’arrête le dessin ? Le dessin dans l’acte, le dessin vivant.
le dessin - la matière - le corps
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je veux me placer comme corps, en vie, en sensation, en vécu, en respiration.
Je veux que le papier soit mon corps vivant et que mon corps soit le papier. Que le dessin vienne renforcer, brutaliser, souligner, explorer le vivant, la rupture. Faire disparaître cette frontière déjà floue, tout en la faisant émerger.
Carnet des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Mon carnet est un moyen de partager un moment vécu, durant ma visite des musées, entre les œuvres et moi (le visiteur). J’ai choisi de porter mon attention sur les liens par la disposition des œuvres et celle du visiteur dans l’espace muséal et dans l’espace du carnet. Ces liens sont des moments de rencontre qui permettent d’avoir un nouveau regard sur les œuvres et de se rapprocher de manière plus intime des œuvres observées. Elles continuent de vivre en nous pendant un long moment même après les avoir quittées.
Mon carnet est aussi un moyen de faire en sorte que le visiteur ne se transforme pas en déambulateur et ainsi l'aider à regarder réellement les œuvres durant sa visite dans un espace muséal.
Dans un musée, beaucoup d'œuvres sont présentes et finissent par se manger l’une, l’autre. La présence d’éléments architecturaux “décoratifs”, parfois trop imposants, détourne parfois le regard du visiteur, qui ne sait plus où regarder, finit par se fatiguer et donc, déambule à travers le musée. J’ai fait en sorte de donner plus d’espace aux œuvres en sélectionnant celles qui m’ont permis de ressentir des liens intimes et en supprimant les éléments décoratifs, tout en gardant un espace architectural dans le carnet, par la disposition et l’échelle des œuvres dessinées. J’ai choisi de ne pas disposer les œuvres de manière linéaire et horizontale afin de créer du rythme et une forme de voyage que parcourt le regard du visiteur.
Certains musées séparent souvent les peintures et les sculptures. Dans mon carnet, les rencontres sont créées grâce aux rares associations de peintures et de sculptures qui me sont apparues lors de ma visite. Sculptures et peintures sont sur un pied d’égalité. Parfois, je me suis amusée à sortir les personnages peints de leur tableau. La peinture devient sculpture et la sculpture devient peinture. Le visiteur n’est plus dans une forme de représentation, cela lui permet d’observer réellement les œuvres.
La personne qui regarde le carnet devient acteur du moment vécu. C’est cette personne qui tourne les pages à son propre rythme. Elle peut décider de s’approcher des œuvres ou non afin d’entrer en intimité avec celles-ci. Le visiteur regarde, observe mais ne déambule pas.
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