« Des traces, des signes laissés à la surface du
sensible
du bout des doigts, du bout des bras »
Nathalie Poisson-Cogez
« La dimension tactile, le moment
où le contact a lieu, cet instant qui trace et mémorise la rencontre du papier,
du mur et de la main, du corps tout entier; la dimension éphémère de la
performance où l’artiste opère sur le monde avec les outils ou les gestes du
dessin et pose la question
d’un échange entre corps, mouvement,
support et résultat »
Roven
Le dessin, entre puissance et limites
En
quoi le dessin permet-il à l'artiste qui parcourt une surface de papier de se
confronter aux limites de son propre corps ?
Comment
le dessin permet-il une appréhension singulière du support matériel sur lequel
il s’inscrit et par delà, de l'espace dans lequel l’acte de dessiner se
déploie ?
Ce stage se propose d’explorer la place du corps et son
rapport au support papier dans l’acte de dessiner au travers de la question de
la limite.
La limite comme contour, comme délimitation d’un espace, de
l’espace du corps, de l’espace entre les corps. La limite comme
extrémité d’un geste (le point le plus éloigné possible) mais aussi, la limite
comme point d’épuisement d’un matériau (support papier) ou d’une force, d’une
énergie (celle du corps en mouvement)… Ce qui nous permettra dès lors
d’explorer la question de la puissance dans l’acte de tracer, dessiner.
Le
stage se présente comme un laboratoire d’expériences qui, au fil des exercices
proposés, permet de prendre conscience des multiples capacités physiques du
corps (proprioception, tonicité, force, explosivité, amplitude, répétition,
résistance…) à produire une action de tracer. Il permet également d’appréhender l’étendue des propriétés
physiques du support papier (texture, ductilité, résistance, résilience du
matériau…) et de voir comment l’acte même de tracer peut interroger les
propriétés de ce support en mobilisant ses forces corporelles (traction,
friction, torsion, compression, transpercement…).
Les
tracés réalisés sont dès lors le reflet non seulement du caractère très
singulier du corps de chaque individu mais aussi de la façon dont chacun
explore ses propres limites corporelles et celles du support dessiné.
En
remettant le corps tout entier au centre de l’expérience du dessin, ce stage interroge
donc particulièrement la dimension performative de l’acte de dessiner et permet
de se demander comment action, dessin et résultat
fonctionnent ensemble.
Il vise à faire prendre conscience aux participants que
là où se produit véritablement le dessin, c’est dans cet espace qui se déploie
entre le corps sensible en action et le support papier qui, tout autant que le
corps, peut être considéré comme surface sensible.
Saskia WEYTS
Réjean DORVAL