dimanche 12 septembre 2010

Dessins Contemporains/Collection Florence&Daniel Guerlain

Sandra Vasquez de la Horra
Le musée Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon accueille du 4 juin au 20 septembre 2010, une sélection d’environ 150 dessins contemporains issus de la Collection Florence et Daniel Guerlain.

Cette exposition s’inscrit dans la longue tradition des Arts graphiques du musée de Besançon. Avec plus de 6000 dessins, le Cabinet des Dessins de Besançon est l’un des plus riches de France. Très complète, la collection bisontine offre un panorama de l’art occidental du 14ème siècle à nos jours. Toutes les écoles y sont représentées, de la Renaissance au XXème siècle, des séries italiennes (Baroche, Carrache, Tiepolo) ou nordiques (Dürer, Rembrandt, Rubens) aux artistes français (Poussin, Vouet, Fragonard, Matisse, Renoir).

Cette exposition trouve ainsi toute sa place dans la lignée de ce prestigieux héritage. Comme Jacques Guerlain, célèbre parfumeur et grand-père de Daniel, qui admirait les Impressionnistes, Florence et Daniel Guerlain vivent avec l’art de leur temps. Collectionneurs depuis de nombreuses années, cette exposition est pour eux l’occasion de partager leur sens de l’art et leur goût pour l’art contemporain.

Seront présentées notamment des œuvres de Jean-Michel Alberola, Edouardo Arroyo, Silvia Bächli, Mark Brusse, Matt Bryans, Win Delvoye, Damien Deroubaix, Marlène Dumas, Richard Fauguet Jean-Olivier Hucleux, Guillermo Kuitca, Christian Lhopital, Erik van Lieshout, Robert Longo, Frédéric Loutz, Tony Oursler, Javier Perez, Carmen Perrin, Ernest Pignon-Ernest , Richard Prince, Markus Raetz, Alain Séchas, Kiki Smith, Hervé Télémaque, Tatiana Trouvé, ...La liste n’est pas close.

Catharina Van Eetvelde


mercredi 8 septembre 2010

Voici un dessin suisse(1990-2010)

Le Musée Rath accueille Voici un dessin suisse (1990-2010), une exposition du Musée Jenisch de Vevey, réalisée en collaboration avec le Musée d’Art et d’histoire et le Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève. La présentation réunit une quarantaine d’artistes, suisses ou vivant dans le pays, qui accordent au dessin une place privilégiée.

En Suisse, le dessin connaît depuis une bonne dizaine d’années un profond renouveau. Nous le voyons en effet s’affirmer comme un médium à part entière dans la plupart des manifestations d’art contemporain qui d’ailleurs multiplient les expositions consacrées à cette technique. Ses caractéristiques dépassent largement les traditionnelles catégories du trait, du contour, de la ligne, du tracé, du support papier. Sa présentation en outre ne se limite plus à un accrochage linéaire de feuillets encadrés sur des cimaises. Le dessin désormais se déploie dans des dimensions qui l’excèdent pour décliner sa nouvelle identité dans le cadre d’installations, d’interventions directes sur l’architecture du bâtiment, tout en s’alliant des technologies d’appoint comme la photographie, l’informatique, la vidéo, l’éclairage, le son. Dans des variations de gris, la scénographie de l’exposition, due à Karim Noureldin, offre tour à tour des espaces ouverts et plus intimistes où l’accrochage des œuvres se décline selon des agencements aléatoires, faisant alterner séries de dessins ou installations in situ et juxtaposant des travaux sur support papier avec d’autres recourrant à des techniques, matériaux et dimensions plus complexes et diversifiés. C’est précisément cette diversité de techniques et de mises en espace qui permettent de comprendre toute la richesse du dessin contemporain.

Les artistes sélectionnés travaillent le dessin depuis de nombreuses années, explorant chacun ce processus de création qui dévoile le cheminement de la pensée. Parmi ceux-ci, on trouve quelques personnalités largement reconnues sur la scène internationale ou nationale comme : Silvia Bächli, Yves Netzhammer, Ugo Rondinone, ayant représenté la Suisse à la Biennale de Venise, respectivement en 2009 et 2007. D’autres tels que : Marc Bauer, Alain Huck, Joëlle Flumet, Silvia Buonvicini, Robert Ireland, Jean Crotti, Didier Rittener, exposent régulièrement dans nombre de musées et galeries. Enfin le public peut également découvrir de nouveaux talents à l’image : d’Ingo Giezendanner, alias GRRR, Zilla Leutenegger, Genêt Mayor, huber.huber, Lordana Sperini.

Langages artistiques contemporains
L’utilisation de techniques telles que la mine de plomb, le fusain, le crayon, l’aquarelle, ou le recours à des genres traditionnels comme le paysage, le portrait, la nature morte, la scène de genre, ne signifient pas pour autant un retour à une forme d’académisme. En effet, tout en s’appuyant sur l’héritage graphique du passé, le dessin actuel s’ouvre désormais à une foule de langages artistiques contemporains (BD, street art, graphisme publicitaire, art naïf, dessin animé, dessin vectoriel), pour produire des œuvres hybrides, inattendues, surprenantes. Le meilleur exemple de cette évolution spectaculaire est certainement la proposition monumentale d’Ingo Giezendanner, alias GRRR, qui a réalisé une vaste composition murale, Sarajevo 2009, située à l’entrée de l’exposition, dans laquelle l’artiste conjugue avec brio l’esthétique de la BD, la peinture et la vidéo. L’œuvre représente et documente un environnement urbain avec l’idée de reproduire en très grand format le carnet de croquis intimiste que tout artiste digne de ce nom a l’habitude de tenir lors de ses périples ou randonnées en terres étrangères. Dépassant le cadre pittoresque du carnet de voyage, GRRRR invente une forme capable de suggérer les rythmes, flux et pulsations d’une scène urbaine.

Ingo Giezendanner

De son côté, le dessin formel et rigoureux de Joëlle Flumet transforme ses Scènes d’Aménagement du territoire en propositions hyperréalistes révélant des comportements et des espaces stéréotypés. La créatrice parvient à fondre dans un même continuum l’image et son support, ici une plaque d’aluminium, pour produire in fine une sorte d’objet domestique qui relève à la fois du catalogue publicitaire et du panneau décoratif. Enfin le travail d’Yves Netzhammer offre une approche volumétrique du dessin qui pour l’occasion se développe matériellement dans une portion de l’espace. L’installation de l’artiste donne corps à un univers mêlant la pesanteur objectale à la légèreté du trait, ses formes hybrides et surréalistes activent les facultés perceptives, entraînant une foule d’associations entre le monde de la réalité et celui de la représentation graphique.
Certes la présentation n’est pas exhaustive car l’idée directrice n’est pas de procéder à un inventaire des artistes oeuvrant dans cette même direction. L’exposition du Musée Rath a cependant le mérite de mettre en évidence l’essor du médium dessin sur la scène helvétique au cours de ces vingt dernières années.

Françoise-Hélène Brou

« Voici un dessin suisse 1990 –2010 ». Musée Rath, jusqu’au 15 août 2010. Place Neuve, Genève. www.ville-ge.ch/mah