dimanche 21 février 2010
Foire internationale : dessin du 21e siècle
Les étudiants présenteront leurs travaux sans cadre, libres, à plat sur de grandes tables. Celles-ci font référence aux anciennes réunions de marchands où tout était présenté sur tréteaux. Dans les cabinets de dessins, les feuilles (les dessins)
En quelques traits
jeudi 18 février 2010
Collage
Un peu d'histoire...
Raoul Hausmann
Le collage artistique est un art plastique dont on retrouve des traces à différentes époques de l'histoire des arts. Les premières traces de l'Art du collage datent du XIIe siècle lors de l'utilisation de collages au sein de la calligraphie japonaise. En Europe, le collage s'intègre peu à peu dès Le Moyen Age puis à La Renaissance où les artistes, les moines recourent à cette technique pour leurs enluminures, leurs tableaux...
Mais l'explosion créative du collage contemporain ne commence qu'en 1912 avec l'expérience cubiste de la technique du "papier collé". De nombreux artistes cubistes (Pablo Picasso, Georges Braque, Juan Gris) utilisent alors l'art du collage.
Le mouvement dadaiste (Marcel Duchamp, Francis Picabia, Tristan Tzara, Hans Arp) s'approprie également le collage.
Puis en 1923, l'avènement du surréalisme né sous l'influence des découvertes de l'inconscient de Freud amène des artistes (Max Ernst, Miro, Breton, Dali, Magritte) à exprimer au travers de leurs oeuvres, le rêve, l'instinct, l'imaginaire...
"Le collage devient ici un procédé poétique, parfaitement opposable dans ses fins au collage cubiste dont l'intention est purement réaliste." Louis Aragon.
L’art du collage
Richard Hamilton
L'art du collage est une technique de création artistique qui consiste à organiser une création plastique (fresque par exemple) non en fonction des lois de la représentation (usuelle) mais par la combinaison d'éléments séparés de toute nature et de toute logique (extraits de journaux, papier peint, documents quelconques, objets divers) dont l'unité se fait par juxtaposition progressive.
Le collage consiste à puiser, au hasard des émotions, dans la réalité du quotidien, les images qui nous entourent, des éléments dissemblables, hétérogènes, afin de composer, de recomposer la trame de la réalité en la transformant et la sublimant.
Révolution esthétique
Thomas Hirschhorn
Le collage a renouvelé la pratique de l'art, en remettant en cause la représentation classique de la réalité, la fabrication de l'image, pour rapprocher l'art et la vie, la réalité faisant désormais partie intégrante de l'oeuvre, à travers les matériaux utilisés, « tout le bric-à-brac qui traîne dans les cabinets de débarras ou sur les tas d'ordures » selon Kurt Schwitters qui privilégie les objets usagés, abimés, « parce qu'il n'y a rien de parfaitement propre dans la vie, ni les hommes, ni les meubles, ni les sentiments.»
un extrait du texte deJean-Marc Lachaud, « De l’usage du collage en art au XXe siècle », Socio-anthropologie
Comme le souhaitait Charles Baudelaire, artistes et écrivains « plongent » au cœur du « magasin d’images et de signes » offert par le réel, que leur imagination doit transfigurer. Désacralisé, non auratique, irrévérencieux, hasardeux, l’art collagiste s’inscrit dans un mouvement dynamique qui impose sans cesse glissements et déplacements du côté du transitoire, de l’aléatoire, de l’inopiné, du disparate, de l’inachevé. Les œuvres de collage et de montage mêlent la réalité concrète et le merveilleux, l’ici et l’ailleurs, le non-contemporain et l’actuel, l’identifiable et le bizarre. Elles tracent et détracent les contours de territoires inédits à fouiller. Elles bâtissent des passages éphémères au sein desquels des figures de l’inconnu restent à décrypter. Elles dépaysent, perturbent, déstabilisent et provoquent.
Kurt Schwitters, Max Ernst, John Heartfield, Man Ray, Vsévolod Meyerhold, Erwin Piscator, Serguei Eisenstein, Luis Bunuel, James Joyce, John Dos Passos et, plus tard dans le siècle, Robert Rauschenberg, Jiri Kolar, Edward Kienholz, Jean Tinguely, Roman Cieslewicz, Peter Weiss, Jean-Luc Godard, John Cage, Pina Bausch, pour ne citer que quelques noms, construisent les bases de cette esthétique de la non-cohérence. Les colleurs et les monteurs refusent l’idée d’une œuvre soumise aux exigences d’une cohérence totalitaire ou aux facilités d’une incohérence insensée. Ils travaillent inlassablement au surgissement de kaléïdoscopes étranges, animés par une logique floue. Ils proposent aux spectateurs (non contemplateurs mais acteurs-complices) de se confronter à de nouvelles configurations visuelles et mentales. Les dérives équivoques qui rythment leurs productions (toujours en attente d’interprétations provisoires) suscitent un trouble libérateur. Les failles béantes et les espaces vacants qui articulent leurs compositions ambivalentes invitent à la découverte de l’indéterminé, du différend, du non-encore là. En ce sens, Ernst Bloch, le philosophe de l’utopie concrète, peut écrire avec pertinence que désormais « l’art est un laboratoire mais aussi une fête de possibilités exécutées ainsi que des alternatives expérimentées en elles, où l’exécution tout comme le résultat se présentent comme illusion fondée, c’est-à-dire comme pré-apparaître d’un monde accompli1 ».
Deux étapes caractérisent le processus de fabrication de l’œuvre collagiste : celle de la déconstruction et celle de la reconstruction. Dans un premier temps, l’artiste puise et sélectionne au cœur de la réalité un ensemble de morceaux hétéroclites. Pour ce, il pratique une intervention de type chirurgical : il prélève, découpe, ampute. Parfois, le hasard de la trouvaille ou l’accidentel accompagnent sa récolte. Dans un second temps, il assemble (sans être préoccupé par un ordonnancement pré-établi) et met en rapport (de manière conflictuelle) les pièces de ce puzzle. Il les juxtapose, les superpose, les mixe. Ces brisures du réel, arrachées à leur univers habituel, sont insérées, sans toutefois perdre leurs propriétés originelles et leur mémoire, au sein d’une structure mouvante. Tout en résistant aux manipulations de l’artiste et en conservant une relative autonomie, elles sont néanmoins décontextualisées. Elles perdent leur identité évidente et manifeste, dans le croisement interactif avec les diverses entités constitutives de l’œuvre, une autre présence.